L’école supérieure des arts et techniques de la mode (ESMOD) se situe au cœur de Paris, capitale mondiale de la mode. Fondée en 1841, elle est le plus ancien établissement de son genre, et a su s’imposer à travers les époques comme une référence dans le milieu de la mode.
Ayant eu l’immense honneur de faire partie du jury de la présentation de la collection de fin d’année, je vous livre ici mon expérience.
Première école de mode au monde
Le fondateur de l’école, Alexis Lavigne, était maître tailleur à la cour. Il était reconnu pour deux inventions utilisées dans le monde de la mode : le mètre à couture et le mannequin couture, appelé « Stockman » (d’après le nom de son apprenti, Frédéric Stockman), utilisé pour la création de nouveaux modèles.
L’enseignement de la mode et du design continue de puiser dans le savoir et l’expérience immenses de monsieur Lavigne. L’héritage laissé par ce grand maître est de nos jours perpétué par ses descendants spirituels de l’école de la Place de Valois, notamment au travers de la transmission des méthodes d’apprentissage et des bases du savoir-faire du métier de tailleur.
Mais l’ESMOD a aussi suivi et anticipé les évolutions de son temps, afin d’offrir une formation complète, de BAC à BAC+5, qui couvre tous les métiers de la mode, du fashion design au fashion business. Ses cinq mots d’ordre sont : création, créativité, technicité, innovation et savoir-faire.
Ouverture aux étudiants internationaux
Avec l’apparition du « prêt-à-porter » de luxe, l’école ouvre entre les années 1970 et 1990 ses portes à de nombreux étudiants venus du monde entier. Depuis, elle porte le nom d’ESMOD International.
Au début des années 80, alors qu’apparaît une nouvelle forme de marketing en France, l’ESMOD crée également une école internationale de commerce, l’ISEM.
L’école s’est aussi développée par-delà les frontières de l’Hexagone : ESMOD représente aujourd’hui un réseau de 21 écoles dans 14 pays, qui offrent une même base de formation adaptée à la culture et au marché de chaque pays où elles sont implantées. Ce réseau est un moteur d’échanges très enrichissants pour ses élèves et anciens élèves.
Aujourd’hui le corps enseignant de l’ESMOD compte designers, stylistes et créateurs cosmopolites. Ils travaillent pour des marques internationales et sont heureux de transmettre leur savoir aux jeunes générations. L’école entretient des liens étroits avec l’industrie de la mode au travers de partenariats à différents niveaux. Elle a ainsi tissé un réseau de plusieurs milliers d’entreprises et peut proposer aux étudiants qui ont terminé leur cursus scolaire, d’y entrer en apprentissage, formation qui aboutit souvent à une embauche. Beaucoup de designers qui ont désormais une renommée internationale ont fait leurs premiers pas et accompli leurs premiers faits d’armes dans cette école.
Parmi les anciens élèves de l’ESMOD, on peut dénombrer : Olivier Rousteing (France), Alexandre Vauthier (France), Juun J. (Corée), Damir Doma (Allemagne), Dice Kayek (Turquie), Vannina Vesperini (France), Jérôme Dreyfus (France)…
La présentation de fin d’année des diplômés de l’ESMOD
Tous les ans, fin mai ou début juin, l’ESMOD présente les collections des jeunes diplômés de l’école. Reçu à l’Atelier Richelieu, une somptueuse villa privée du IIe arrondissement de Paris, non loin du métro « Bourse », chaque étudiant se voit attribuer un espace de quelques mètres carrés, qu’il arrange à sa convenance et dans lequel il expose ses créations et fait connaître sa marque. À cette occasion, il est fait appel à un jury spécial composé d’artisans, de créateurs, de stylistes, de designers, de journalistes et de critiques parisiens.
Mes impressions en tant que membre du jury
Le jury qui note les travaux des étudiants est divisé en deux groupes. Le premier s’occupe de la partie « prêt-à-porter » et le second de la catégorie « tricot et maille ».
Les membres du jury reçoivent pour chaque étudiant un dossier au format A4, dans lequel se trouvent les photos de ses créations, c’est-à-dire les pièces qu’il a choisies pour son « look-book », ainsi que ses notes.
L’échange d’informations et le contact avec une quarantaine d’étudiants durent environ quatre heures. Les membres du jury se déplacent alors d’étudiant en étudiant et notent la création, l’innovation, la technique, la qualité et la motivation de chaque exposant.
Le jury est ensuite convié à un déjeuner au cours duquel chaque membre passe en revue une dernière fois le dossier de chaque étudiant puis lui attribue une note. Le dossier complet est alors remis aux professeurs désignés pour chaque catégorie. Tout le monde peut alors discuter et échanger ses impressions librement avec les autres étudiants et les membres du jury.
Ma première participation au jury de cette fameuse école m’a fait vivre une expérience fantastique.
J’ai pu ressentir de façon intime angoisses et doutes de ces jeunes diplômés quant à leur avenir professionnel et mesurer l’effort et les sacrifices fournis par ces jeunes gens pour d’abord produire, et ensuite présenter leurs travaux en public. J’ai été ravie de pouvoir faire appel à ma propre expérience, pour les conseiller dans des domaines bien précis, et ce dans une atmosphère studieuse et animée, pleine de sourires, d’humanisme, de compréhension et de joie sur chaque visage.
Une merveilleuse aventure – vécue en direct!